L’aliénation parentale, c’est quoi ?
Histoire de la naissance de l’aliénation parentale
Trop peu connue des professionnels des secteurs psycho médico-social et juridique, l’aliénation parentale n’en cause pas moins de nombreux dégâts chez les personnes, adultes et enfants, qui en sont victimes. Pourtant elle concerne selon nos calculs 572.778 personnes en Belgique. Ce site vise à simplifier et vulgariser le plus précisément possible ce processus pour mieux le repérer. Il veille aussi à mettre en place précocement les interventions adaptées avant le point de non-retour.
Le concept trouve son origine en 1984, à l’époque où le nombre de divorces a augmenté de manière importante. Entre temps, la science a permis d’aller plus loin, entre autres choses grâce au PASG (Parental Alienation Study Group) dont nous sommes membres.
Définition
La définition de l’aliénation parentale proposée entre 2010 et 2013 par le Parental Alienation Study Group (PASG) aux comités préparatoires du DSM-5 est celle qui fait actuellement à peu près l’unanimité parmi les experts qui adhèrent au concept. Elle se lit ainsi :
“L’aliénation parentale est une condition mentale dont un enfant ou adolescent est affecté (souvent dans le contexte de séparation parentale à haut conflit) et qui est caractérisée par deux éléments :
1. L’enfant ou l’adolescent s’allie fortement à un parent.
2. L’enfant ou l’adolescent rejette l’autre parent indûment, c’est-à-dire sans justification suffisante. Cet enfant ou adolescent résiste aux contacts avec ce parent, même ordonnés ou encore, les refuse.“
On trouve des références à l’observation selon laquelle il n’y a pas nécessairement de lien causal entre les deux éléments de la définition (Bernet, Boch-Galhau, Baker et Morrison, 2010).
On remarquera qu’on est loin, ici, des concepts des années 90. Dans la définition même, on joignait l’effet à une cause, utilisant les termes conditionnement et lavage de cerveau.
Evolution
On utilise trop souvent ce concept dans les Tribunaux sans avoir une base légale. Et pourtant les travaux du PASG ont contribué à établir une définition claire, collégiale et scientifique de l’aliénation parentale. William Bernet et Demosthenes Lorandos ont développé une grille d’évaluation. Et Hubert Van Gijseghem a développé un protocole d’analyse clinique permettant d’investiguer l’existence ou non d’aliénation parentale. Il permet de la sorte de la distinguer de l’éloignement parental thérapeutique nécessaire, ce qui est fondamental.
L’aliénation parentale n’est pas une maladie ou un syndrome, c’est important de le rappeler. C’est par contre un comportement induisant des maladies mentales. Parmi eux on y retrouve des troubles graves de la relation parent-enfant. C’est la raison pour laquelle le DSM-5 ( Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, et des troubles psychiatriques (en anglais : Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders) ne la reprend pas. Ce n’est en effet pour rappel pas une maladie mais un comportement. Ce trouble de la relation avec le parent est identifié comme tel dans la CIM-11 de l’OMS. Il induit par contre des maladies mentales.
Il est donc évident que nous validons la protection des enfants quand nécessaire par un éloignement parental thérapeutique. Nous condamnons donc aussi l’abus de l’utlisation de l’aliénation parentale pour fustiger de manière infondée un parent. Il faut pour ce faire sans le constat rigoureux d’un spécialiste formé et expérimenté.
La science évolue, reste au système juridique et judiciaire à suivre. Ne pas légiférer à propos de l’aliénation parentale et de l’éloignement parental, consisterait à laisser une zone de non-droit. Ce serait préjudiciable à de trop nombreux parents et enfants victimes d’aliénation parentale !
Degrés de gravité et progression
Selon Marie-France Hirigoyen , “ce processus d’aliénation parentale est progressif et prend parfois des années pour se révéler mais par contre quand il est enclenché, il est la plupart du temps très rapide : en quelques semaines, l’enfant rejette subitement le parent.” Ceci est le résultat d’un conflit de loyauté qui le déchirait entre ses deux parents (d’où notre logo). Il est donc indispensable de réagir extrêmement rapidement (3 mois maximum) lors du constat de risque de l’aliénation parentale.
Avis de quelques experts rejoignant celui du PASG
Paul Bensussan
Selon le docteur Paul Bensussan1, étymologiquement, « a–liéner » signifie « perdre le lien » ou « rompre le lien ». C’est-à-dire rendre étranger ou hostile (un parent à un enfant).
L’aliénation parentale est une rupture du lien (« a »privatif – lien) entre un enfant et un de ses parents. C’est un phénomène complexe, souvent lié aux séparations ou divorces conflictuels. Au cours de ce processus, un parent manipule consciemment ou pas l’enfant pour qu’il rejette l’autre parent sans raison objective. Ca le mène à une opposition irrationnelle et une vision polarisée des parents et entraîne avec des comportements spécifiques tels que la critique constante, les récits mensongers, l’exclusion, et des accusations graves pour justifier l’éloignement.
William Bernett
Voici donc la définition selon William Bernet, pédopsychiatre américain, qui a étudié la question du devenir de l’enfant dans le cadre de conflits familiaux :
“L’aliénation parentale est un trouble dans lequel un enfant manifeste une forte opposition, des craintes ou des dénigrements injustifiés envers un parent, qui sont en grande partie dus à l’influence négative de l’autre parent.“
Marie-France Hirigoyen
Voici la description du phénomène selon Marie-France Hirigoyen, psychiatre et psychanalyste :
“l’aliénation parentale résulte d’une manipulation d’un enfant par un parent pour l’éloigner de l’autre parent.
“En cas d’aliénation parentale sévère, de manière irrationnelle et sans aucune raison objective, l’enfant refuse catégoriquement tout contact avec l’un de ses parents avec qui autrefois il avait des relations tendres. Sa vision de ses parents est extrêmement polarisée : l’un est totalement bon, l’autre totalement mauvais.
En cas de séparation parentale hautement conflictuelle et violente, il peut arriver que l’enfant soit pris en otage entre ses deux parents. Il y a alors un conflit de loyauté tel que cela entraîne chez lui une tension insupportable et une forte angoisse. Dans ce cas pour moins souffrir, il peut en venir à choisir son camp, en se ralliant au parent, son père ou sa mère qui lui met le plus de pression, qui lui fait peur ou qui paraît le plus malheureux et à rejeter l’autre parent et toute la famille de ce dernier. “.
Isabelle Nazarre-Aga
Selon Isabelle Nazarre-Aga, thérapeute française diplômée en PNL et victimologie, le profil “privilégié” du parent aliénant est le suivant :
« les hommes et les femmes à la personnalité narcissique ont le profil psychiatrique parfait pour tenter d’aliéner leurs enfants contre leur ex-compagnon (compagne) de vie »
Amy J.L. Baker
Amy J. L. Baker, une experte reconnue dans le domaine de l’aliénation parentale, a exploré comment l’aliénation parentale peut être perpétrée. Elle l’est non seulement par les parents biologiques, mais aussi par d’autres adultes impliqués dans la vie de l’enfant, y compris les partenaires des parents.
Dans ses travaux, Amy Baker soulève la dynamique où un partenaire ou un conjoint d’un parent peut contribuer à l’aliénation de l’autre parent. Par exemple, Baker décrit comment un beau-parent peut jouer un rôle significatif dans l’encouragement ou le soutien des comportements aliénants. Cela peut inclure des actions comme renforcer les messages négatifs du parent aliénant ou participer activement à limiter le contact entre l’enfant et le parent cible.
Dr. Hubert Van Gijseghem
Dr Hubert Van Gijseghem, PhD Psychologue de la KUL et Professeur à l’Université de Montréal en parle de la manière simplifiée mais concise suivante :
“L’aliénation parentale est aujourd’hui définie comme le trouble de l’enfant qui s’allie fortement avec un parent et, de façon injustifiée, rejette l’autre parent.”
Cet article comporte d’autres facteurs, tels que certaines particularités des interventions judiciaires et cliniques qui, plutôt que de résoudre le trouble, risquent de l’intensifier.2
Conclusion
A nos yeux, la définition du PASG uniformise le mieux toutes ces définitions. Cette définition doit donc être la référence puisqu’elle met d’accord les 932 spécialistes en aliénation parentale du PASG.
Il s’agit donc bien de maltraitance psychologique comme reconnu et souligné par l’ONE. L’Etat Belge ne condamne malheureusement pas cette maltraitance-là. Donc la Loi l’autorise de manière absolument aberrante. Il faut clairement éviter et sinon condamner ces comportements.
- Dr Roland Broca et Olga Odinetz de l’ACALPA: « Séparations conflictuelle et aliénation parentale – Enfants en danger » 3ème édition revue et augmentée, Édition Chronique Sociale, 2022, p.101
↩︎ - Van Gijseghem, H. (2016). Facteurs contribuant à l’aliénation parentale. Revue de Psychoéducation, 45, no 2, 453-468 ↩︎